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Contexte des recherche : Insectes contres insecticides, les insectes font de la résistance!

Les insectes constituent l’une des classes les plus importantes du règne animal tant par leur nombre que par leur diversité. Représentant près de la moitié des espèces animales existantes, les insectes sont après les bactéries les êtres vivants qui s’adaptent le mieux à leur environnement. Seules quelques espèces sont nuisibles pour l’homme, soit directement en véhiculant des agents infectieux responsables de maladies comme le paludisme ou la dengue, soit indirectement en s’attaquant aux cultures, aux denrées stockées, aux forêts ou aux animaux d’élevage.

Depuis leur sédentarisation, les humains mène une lutte continuelle contre les insectes nuisibles et ravageurs. Depuis la "révolution chimique", il y a 50 ans, cette lutte se fait principalement au moyen d'insecticides de synthèse. Ces derniers sont principalement des molécules neurotoxiques, qui agissent sur le système nerveux des insectes. Le DDT et ses dérivés organochlorés, les organosphosphorés, les carbamates et les pyréthrinoïdes de synthèse sont parmi les insecticides les plus couramment utilisés en agriculture, en foresterie et en santé. Toutefois, les insecticides sont devenus, avec l'ensemble des pesticides chimiques, herbicides et fongicides, un des facteurs majeurs de pollution de notre environnement. D'une part, leurs résidus toxiques contaminent l'eau, l'air, les sols et les aliments, perturbent les écosystèmes naturels et menacent la santé humaine. D'autre part, leur utilisation intensive et répétée conduit de nombreuses populations d'insectes nuisibles à devenir résistantes aux insecticides.

Plus de 500 espèces d"insectes nuisibles et ravageurs sont aujourd'hui résistantes à au moins un insecticide. Spectaculaire exemple de l'adaptation des espèces aux changements de l'environnement (surtout lorsque l'on considère la rapidité du phénomène à l'échelle de l'évolution), la résistance des insectes aux insecticides n’en demeure pas moins un des problèmes majeurs de l’agriculture moderne. Elle constitue également une réelle menace pour la santé des populations exposées aux moustiques vecteurs de maladies et pour l'équilibre des écosystèmes. Le développement de nouvelles stratégies de contrôle des populations des insectes nuisibles et de nouveaux insecticides biologiques devient donc une nécessité.

La bactérie Bacillus thuringiensis, appelée plus communément Bt, est actuellement l'insecticide biologique le plus utilisé au monde. Naturellement présent dans le sol, le Bt produit des cristaux protéiques qui sont toxiques pour de nombreuses espèces d'insectes nuisibles. Une compréhension approfondie du mode d'action moléculaire de ces toxines au niveau de l'intestin des insectes, leur organe cible, et la mise au point d'outils permettant de détecter et de diagnostiquer les différents mécanismes de résistance devraient ainsi permettre d'élaborer des stratégies d'utilisation des insecticides selon les résistances, et éventuellement d'en retarder l'apparition. En particulier, il est nécessaire de disposer de plusieurs toxines spécifiques des espèces nuisibles et de combiner leur utilisation raisonnée avec d’autres pathogènes bactériens, viraux, parasitoïdes ou fongiques, des insecticides chimiques spécifiques moins toxiques et à plus faible incidence environnementale et surtout avec des pratiques culturales plus saines.